002…

Utilisant toute sa force physique, Asgad Ben-Adnah souleva la lourde poutre qui s’était écrasée sur les premiers bancs de la section du Temple de Salomon, où il venait de se marier. Déterminé à sauver le jeune homme emprisonné sous les débris, il n’entendit pas se déchirer la manche de son beau veston. A deux pas de lui, encore sous le choc d’avoir vu s’effondrer une grande partie du toit de l’édifice, Océane Orléans observait le travail de son nouvel mari plutôt que de l’aider. Derrière lui, plusieurs de leurs invités avaient été blessés par l’écroulement du balcon. L’orgue gisait en morceaux sur la dalle.

Non loin, Andromède soignait le bras de Benhayil. Les larmes qui coulaient sur le visage du secrétaire révélaient ses souffrances. Toutefois, Océane ne semblait être qu’un témoin de cette tragédie, comme si elle flottait au-dessus de ce cauchemar. Elle n’éprouvait absolument rien. « Je vais me réveiller d’un instant à l’autre, dans mon lit », songea-t-elle.

Un pan du mur s’affaissa à sa droite, la ramenant brutalement à la réalité. « Merde, je ne rêve pas… » comprit-elle. Elle ressentit une cuisante douleur au bras gauche et baissa les yeux. D’une entaille de quelques centimètres s’échappait un flot de sang. Elle arracha un morceau de sa robe et s’en servit pour panser sa blessure. De toute façon, la jeune femme avait sérieusement abîmé sa tenue en tentant d’échapper au tireur caché à l’autre bout de la salle, puis dans l’écrasement de la structure.

Occupée à comprendre ce qui s’était passé, elle ne vit même pas Ahriman se matérialiser près d’Asgad.

— Laissez-moi vous aider, Excellence, offrit le Faux Prophète.

Grâce à ses pouvoirs, il hissa le madrier suffisamment haut pour que l’entrepreneur arrive à tirer Antinous hors de danger. Le jeune Grec avait été assommé dans l’effondrement. Asgad lui tapota les joues pour le ramener à lui, mais en vain. Ahriman laissa retomber son fardeau et se pencha sur le blessé.

— Faites quelque chose ! lui intima l’empereur Hadrien réincarné, qui ne voulait pas perdre son amant une seconde fois »

Le reptilien posa la main sur le front d’Antinous. Au bout de quelques secondes, celui-ci battit des paupières.

— J’immolerai une centaine de taureaux pour montrer aux dieux ma reconnaissance ! s’exclama Asgad, fou de joie.

— Cette pratique n’est plus tellement à la mode, lui rappela Ahriman.

L’entrepreneur serra son jeune ami contre sa poitrine, oubliant tout à fait sa nouvelle épouse. De toute façon, Océane ne se préoccupait pas davantage de lui. Ayant relevé le bas de sa longue robe, elle se dirigeait vers la sortie en évitant les débris qui jonchaient l’allée centrale. Des bras et des jambes dépassaient des larges poutres empilées, là où les invités n’avaient pas eu la présence d’esprit de courir vers la porte en même temps que les autres. Océane se rappela qu’il s’agissait de personnalités importantes du monde de la politique, du cinéma et des sports. En l’espace de quelques secondes, le Moyen-Orient venait de changer de visage à tout jamais…

La jeune femme s’approcha des restes du balcon d’où étaient partis les coups de feu, s’attendant à y découvrir le cadavre d’Adielle Tobias, la directrice locale de l’ANGE qui avait reçu la mission de tuer l’Antéchrist. Elle n’y trouva que celui du chef de la police qui était grimpé sur la plate-forme pour l’arrêter. Alors, qui avait tiré ? « C’était peut-être une diversion », pensa Océane en levant la tête vers le trou béant dans le plafond. Adielle avait la réputation de ne reculer devant rien pour s’acquitter de ses missions. Avait-elle lancé un missile sur le temple ?

Océane poursuivit sa route vers les portes qui pendaient lamentablement sur leurs ferrures. La plupart des invités paniqués avaient réussi à fuir, mais d’autres, moins chanceux, avaient été piétinés à mort dans le vestibule. Les soldats qui surveillaient la sortie avaient subi le même sort. Avec prudence, L’agente fantôme enjamba les cadavres et se figea en mettant le pied dehors.

— Doux Jésus… s’étrangla-t-elle.

Elle n’avait jamais oublié les effroyables images qui avaient circulé après le Ravissement, tandis que des avions avaient plongé vers le sol sans pilote et que des voitures en avaient embouti d’autres ou avaient défoncé des devantures de maisons et de boutiques en fauchant d’innombrables piétons. Le panorama qui s’offrait à elle était apocalyptique. Aussi loin qu’elle pouvait voir, les immeubles n’étaient plus que des amas de pierres. Le feu consumait le quartier de l’autre côté des murailles. Comment pourrait-elle s’échapper avec ces flammes qui bloquaient l’entrée la plus proche ? Elle apercevait des gens effrayés courant entre les fentes profondes qui s’étaient ouvertes au milieu des rues. Tout ce qu’on entendait, c’étaient des pleurs, des cris et de lointaines sirènes.

— Avons-nous été bombardés ? murmura Océane, très inquiète.

La terre se mit alors à trembler sous ses pieds et elle s’accrocha au cadre de la large porte. Des morceaux de plâtre tombèrent de chaque côté d’elle et elle protégea sa tête avec un bras.

— Où est-ce un tremblement de terre ?

Au milieu d’un vacarme étourdissant, une rafale se mit à souffler dans la grande cour, créant des tourbillons de poussière, forçant la jeune femme à plisser les yeux. « Il est bien trop tôt pour la fin du monde », songea-t-elle.

— Madame ! l’appela une voix masculine.

Elle entrouvrit à peine les paupières et vit les silhouettes de plusieurs soldats qui arrivaient au pas de course.

— Etes-vous la seule survivante ?

— Non ! Enfin, je ne l’étais pas jusqu’à cette secousse.

— Allez chercher les autres, ordonna l’officier à ses hommes.

Océane les sentit passer près d’elle, car elle ne voyait pas grand-chose dans la petite tempête de sable.

— Comment êtes-vous venus jusqu’ici ? voulut elle savoir.

— En hélicoptère.

— Sommes-nous en guerre ?

— Non, madame. La terre a tremblé partout à Jérusalem.

L’émetteur-récepteur portatif accroché au collet de l’officier émit un son aigu.

— Colonel Hayim, nous avons trouvé monsieur Ben-Adnah, lui signala l’un des soldats.

— Madame, surtout, ne bougez pas. Vous ne risquez rien sous ce solide cadre de métal. Nous allons tous vous transporter en lieu sûr.

Dès que le militaire se fut élancé dans les ruines de l’édifice, Océane souleva une fois de plus sa longue robe et prit la fuite. Elle brava la chaleur de l’incendie à quelques pas seulement d’elle et courut le long d’une crevasse, à la recherche d’un abri. Elle savait que sa mère possédait d’étranges pouvoirs et qu’elle réussirait à s’en sortir. Dès qu’elle apprendrait que sa fille avait disparu, Andromède, qui était venue pour assister au mariage de la jeune femme, retournerait certainement au Québec.

Océane longea les maisons en flammes, consciente que la fumée masquait son vêtement immaculé, un peu trop facile à repérer, même du haut des airs. Comme elle l’avait appris à Alert Bay, elle s’efforça de ne pas former de plans dans son esprit. Son seul souci devait être de se soustraire à l’Anantas qu’elle venait d’épouser et à son épouvantable médecin. Une fois hors de leur portée, elle pourrait réfléchir à la prochaine étape.

Elle couvrit sa bouche avec sa manche et accéléra le pas. En fait, elle courait en direction opposée à celle que prenaient les survivants. Elle atteignit une grande rue où la circulation s’était arrêtée. Les gens fuyaient sur les trottoirs, comme s’ils étaient poursuivis par un monstre géant. Ils avaient abandonné leurs véhicules devant une énorme fissure qui avait séparé le boulevard en deux. Hors d’haleine, Océane décida de s’abriter dans un autobus déserté. Elle s’assit sur le plancher pour qu’on ne la voie pas à travers les fenêtres.

« La base de l’ANGE est à environ une demi-heure d’ici, à pied », se rappela-t-elle. Elle savait comment y pénétrer, mais quel genre d’accueil lui réserverait-on ? Les agents fantômes n’étaient pas véritablement des membres de l’Agence. « Que ferai-je si la base de Jérusalem a aussi été détruite ? » Il lui faudrait sortir du pays sans être détectée… dans une robe de mariée !

— Pourquoi l’avoir épousé si vous ne désirez pas partager sa vie ? demanda une voix derrière elle.

Océane fit volte-face. Au fond de l’autobus, Ahriman l’observait, assis sur un banc, les mains appuyées sur une canne en argent.

— Pourquoi prétendre être son médecin si vous êtes le bras droit de Satan ? rétorqua-t-elle.

— Vous devriez me craindre au lieu de m’insulter.

La jeune femme se retourna et s’élança vers la sortie. Elle s’arrêta net en arrivant nez à nez avec Ahriman ! Elle jeta un coup d’œil vers l’arrière de l’autobus, mais il n’était plus sur le banc.

— Surprise ? lui dit le vil personnage en esquissant un sourire maléfique.

Océane se mit à reculer, cherchant une autre issue.

— Mon rôle auprès de l’homme qui habite actuellement le corps de mon maître est de le rendre heureux jusqu’à ce que celui-ci le réclame.

S’appuyant sur sa canne, le Faux Prophète avança vers sa proie. Sans le perdre des yeux, l’ancienne espionne continuait de mettre un pied derrière l’autre, sans paniquer. Elle avait besoin de toute sa tête pour se sortir de ce mauvais pas.

— Or, pour une raison que je ne comprends pas, il refuse de vous faire arrêter pour espionnage.

Océane pivota sur ses talons et courut jusqu’à la sortie de secours, au fond de l’autobus. Elle tourna la poignée, poussa la porte et sauta dans la rue. Encore une fois, le reptilien se planta devant elle.

— Mais comment…

— Vous m’avez pourtant déjà vu à l’œuvre, à Montréal. Vous devriez déjà savoir que je possède des pouvoirs qui échappent à la compréhension des misérables mortels.

— Laissez-moi passer ! se fâcha la jeune femme.

Ahriman lui tendit la main. Océane sentit des liens invisibles lui entourer la taille et la tirer lentement vers le démon. Elle poussa un cri de rage et se débattit en vain. Elle se retrouva face à face avec l’ignoble serviteur du Mal.

— Si vous ne commencez pas à vous comporter comme une épouse exemplaire, je me montrerai moins clément, la prochaine fois.

— Je ne réagis pas très bien à la menace !

Il baissa brusquement la main, libérant Océane. Elle s’aperçut alors, avec découragement, qu’elle était revenue devant le temple. Les soldats conduisaient justement Andromède, Benhayil, Asgad et Antinous hors du bâtiment en ruines. Ils étaient tous couverts de poussière et de sang.

— Par ici, leur dit l’officier.

Un homme prit doucement le bras de la nouvelle mariée et l’incita à suivre le groupe. Non loin, un énorme hélicoptère militaire les attendait. Les soldats les aidèrent à grimper dans l’appareil et les attachèrent à leur siège.

— j’imagine que la réception est à l’eau, soupira Andromède.

— Ce n’est vraiment pas le moment de faire de l’humour, maman, grommela Océane, fâchée de n’avoir pas réussi à s’échapper.

Assis près du pilote, Asgad ne pouvait pas les entendre. On avait placé un casque d’écoute sur ses oreilles pour que les dirigeants de l’armée israélienne puissent lui brosser un tableau de la situation. L’homme d’affaires ordonna tout de même aux soldats de le conduire à sa villa. Du haut des airs, Asgad découvrit avec tristesse que sa propriété avait été lourdement endommagée. Son toit s’était effondré. Il indiqua au pilote de poursuivre sa route. En survolant le Temple de Salomon, Asgad constata que ses structures principales étaient intactes. Pas une seule pierre ne s’était détachée de ses murailles ou de ses tours. Seule une partie du toit avait cédé.

— Le séisme a-t-il touché toute la ville ? demanda Asgad dans le petit micro.

— Tout le pays a été secoué, répondit le soldat dans le casque d’écoute de l’entrepreneur. Nous ne pouvons malheureusement pas vous accueillir à la base souterraine, pour l’instant, car son entrée est obstruée. Pendant que nous la dégageons, vous pourrez vous abriter à l’aéroport militaire.

Asgad se souvint alors que, jadis, lorsqu’il régnait sur son empire, plusieurs de ses provinces avaient été dévastées par les forces de la nature. A cette époque, on apaisait la colère des dieux par des sacrifices… Il était perdu dans ses pensées lorsque l’hélicoptère se posa sur la piste. D’autres soldats vinrent à sa rencontre.

— Nous allons conduire votre famille dans des quartiers temporaires pendant que vous vous entretiendrez avec le général Ovadia, lui expliqua l’un d’eux.

— Un petit instant ! s’opposa Océane. Je suis sa femme, alors je reste avec lui.

— Vas-y, ma petite chérie, l’encouragea Andromède. Je m’occupe des garçons.

À bout de force, Benhayil et Antinous se laissèrent entraîner par la Pléiadienne à la suite des soldats.

— Vous ne désirez pas vous changer ? s’étonna le militaire en contemplant la robe déchirée d’Océane.

Pour toute réponse, la jeune femme glissa ses doigts entre ceux de son mari. Asgad interpréta son geste comme un besoin urgent d’être rassurée et la colla contre lui. Son apparence n’était pas tellement plus reluisante, de toute façon.

— Allons-y, fit-il à l’intention de l’officier.

Trottinant à côté d’Asgad, Océane se rendit compte qu’elle ne portait plus de chaussures ! « Cendrillon, elle, n’en a perdu qu’une seule… » songea-t-elle. Ils entrèrent au poste de communications, qui ressemblait beaucoup à la salle des Renseignements stratégiques de l’ANGE. Des hommes et des femmes en uniforme surveillaient des écrans d’ordinateur et écoutaient les nouvelles en provenance de partout.

— Le phénomène semble être mondial, déclara alors le général.

— Commencez par m’expliquer ce que vous entendez par « phénomène », exigea Asgad.

« J’allais justement lui poser la même question », pensa Océane. Elle avait étudié la géologie à l’Agence et elle concevait mal qu’un tremblement de terre puisse avoir secoué toute la planète d’un seul coup.

— Jusqu’à présent, tous les pays que nous avons réussi à contacter ont subi de violents séismes. Plus étonnant encore, ils ont tous eu lieu au même moment.

— Mais comment est-ce possible ? laissa échapper Océane.

Puisqu’il était prince Dracos, Ovadia avait déjà capté l’essence reptilienne du couple, même s’il ne parvenait pas encore à identifier leur race. D’ailleurs, presque tous les grands chefs de ce monde étaient reliés entre eux par leur sang bleu.

— Nos savants se penchent déjà sur ce mystère, assura-t-il.

— Pour que toutes les plaques tectoniques se mettent à bouger en même temps, il ne peut y avoir que deux possibilités, réfléchit Océane à voix haute.

— Vous vous y connaissez ? demanda le général.

— Ma femme est architecte, expliqua Asgad.

— Ou bien le centre de la Terre est sur le point d’exploser, ou bien une puissance cosmique agit sur notre planète comme un aimant.

— Beaucoup de nos laboratoires ont été démolis. Il nous faudra des semaines pour déterminer la cause exacte de cette activité sismique.

« Si c’est la fin du monde, nous allons peut-être manquer de temps », s’inquiéta silencieusement Océane. Asgad voulut savoir précisément ce qui se passait dans les pays membres de l’Union eurasiatique. Les soldats ne purent lui offrir qu’un rapport préliminaire, car toutes ces nations tentaient toujours de rétablir leurs communications avec le monde extérieur. Océane écoutait leurs propos tout en promenant son regard sur les différents écrans, parfaitement capable d’interpréter elle-même ce qu’elle y voyait.

— Les morts se comptent par milliers, leur dit le général, en guise de conclusion.

« Au moins, après le Ravissement, nous n’avons eu aucun corps à enterrer », nota l’ex-agente. Elle suivit son mari jusqu’aux quartiers qu’on leur avait aménagés d’urgence à la base militaire.

Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était néanmoins confortable. Andromède avait déjà mis Benhayil et Antinous au lit, après avoir guéri leurs blessures. Elle était assise devant le téléviseur et écoutait les nouvelles de CNN dans une langue étrangère.

— Tu y comprends quelque chose ? s’étonna Océane.

— Je parle plusieurs langues, ma chérie.

La jeune femme voulut s’asseoir près d’elle, mais Andromède l’arrêta d’un geste de la main.

— Je pense qu’une douche s’impose, et vite !

Océane soupira avec agacement et poursuivit sa route jusqu’à la salle de bains. En s’apercevant dans le miroir, elle comprit aussitôt ce que sa mère essayait de lui dire. Ses cheveux étaient défaits et tellement couverts de poussière qu’ils la faisaient ressembler à une vieille dame. Sa robe blanche était déchirée et tachée de sang et d’autres matières qu’elle préféra ne pas tenter d’identifier.

A sa grande surprise, sur une tablette, près de la douche, elle trouva des vêtements en provenance de la villa ! Andromède était-elle allée les chercher ? « N’y a-t-il rien à son épreuve ? » s’étonna Océane en se déshabillant. Elle passa un long moment sous l’eau chaude, puis se vêtit. Elle essora avec la serviette ses cheveux redevenus noirs, secoua la tête et s’admira dans le miroir.

— Ça, c’est moi !

Lorsqu’elle retourna dans la petite pièce qui leur servait de salon, Asgad était installé près d’Andromède. Il s’était lavé, lui aussi. Continuant de jouer le jeu, Océane s’assit près de lui, comme une épouse se devait de le faire.

— Qu’avez-vous appris de nouveau ? s’informa-t-elle.

— La dévastation est planétaire, répondit tristement Andromède.

Océane regarda les images de Jérusalem captées par des hélicoptères, puis celles d’autres villes d’Israël. Elle aurait bien voulu discuter de la théorie de la fin du monde avec sa mère, mais en présence d’Asgad ?

— J’imagine que nous saurons bientôt ce qui s’est passé, murmura-t-elle en appuyant la tête sur l’épaule de son mari. Curieusement, ce dernier garda le silence.

 

Absinthium
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